lundi 12 novembre 2012

Lina Wertmüller

                                                                   
 
« Aimer c’est s’engager, c’est travailler, c’est être intéressé, c’est créer.  »
Lina Wertmüller est née en 1926




C’est décembre et je marche depuis trente minutes sous la neige de la première tempête. Il vente, il fait froid et j’affronte tant bien que mal mon nouveau statut de célibataire. J’ai besoin de m’occuper l’esprit. Je compte bien sur quelques films pour me distraire. J’arrive à mon club vidéo sur Mont-Royal et m’engouffre avec délice dans les rangées de milliers de films, promesses de découvertes sans fin. J’ai le goût de voir tous les films de guerre disponibles, surtout les plus vieux, et tout en cherchant, je me retrouve dans la section des films italiens. La pochette d’un DVD attire mon attention. Qui n’a rien à voir avec un film de guerre.  Quoique…

Je découvre un classique du cinéma. Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été, ou en anglais, Swept away, réalisé en 1974. Je m’intéresse tout de suite à sa réalisatrice Arcangela Felice Assunta Wertmüller von Elgg Spanol von Braueich, mieux connue sous son nom d’artiste Lina Wertmüller. Née le 14 août 1926 à Rome, elle est d’origine suisse. Enfant rebelle, d’abord enseignante, cette artiste provocante fera ses classes comme assistante à la réalisation de Federico Fellini sur le film 81/2.
Le film relate magistralement le rapport entre les deux sexes, leurs luttes sociales et politiques. Une femme très riche, jouée par l’extraordinaire Mariangela Melato (qui m’a subjugée et que j’ai longtemps confondue avec la réalisatrice), se trouve à bord d’un yacht sur la Méditerranée. Elle sert alors à ses amis un discours dense, intense, convaincu et condescendant, doté d'une rhétorique impeccable qui énerve son partenaire masculin, son compagnon. Elle décrit par le détails, sur un ton très désagréable, très émotif (elle semble en colère, elle est en colère), sur les classes sociales et en particulier sur celles des ouvriers et des communistes, et des grands bourgeois à laquelle elle appartient et qu'elle trouve classe éclairée. Sur le bateau un matelot, joué par Giancarlo Giannini (que l’on reconnaîtra plus tard dans deux des films de James Bond - Casino Royale et Quantum of Solace- dans le rôle de René Mathis), issu de la classe ouvrière qui supporte mal cette femme on dirait hystérique et brillante. De son côté il consput la bourgeoisie verbalement en discourant auprès de son coéquipier. Cette femme et cet homme finiront sur une île déserte où les rôles s’inversent: elle doit apprendre à servir plutôt qu’à être servie. L’amour naît et les différences sociales s'effacent. Ces personnages sont dotés chacun d’un caractère très fort, illustrant de manière on ne peut plus claire comme il est difficile, malgré le sentiment amoureux, de passer outre un bagage personnel associé à son milieu social et intellectuel.
Giancarlo Giannini en 2009



 
Giancarlo Giannini en 1974 dans le film Swept away

Je salue le talent de scénariste de Mme Wertmüller et son travail filmographique. Elle a su représenter de manière originale la condition féminine.
Le film! Bon visionnement.

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