samedi 20 octobre 2012

Goliarda Sapienza



Goliarda Sapienza (1924-1996)




« Se faire et se défaire des habitudes c'est comme ça qu'on doit vivre. »
L'art de la joie, Goliarda Sapienza








Qui connaît Goliarda? J'ai marché longtemps ce matin en pensant à elle. Je pense souvent à elle d’ailleurs. Au titre de son roman L’art de la joie. Son chef-d’œuvre. La joie. Quel beau mot que l’on n’utilise pas assez souvent et dont l’étymologie est si riche. Certainement une des auteures les plus authentiques que j’ai lues. Elle est une rebelle au point de vue singulier, de ceux qui vous éclairent en passant par le décryptage romanesque de tous les tabous –d’aujourd’hui et d’alors- et de tout ce qui fait une vie.

Folie, inceste, viol, relations amoureuses intergénérationnelles, femme au pouvoir, femme libre, bisexualité, émotivité, meurtre, sexualité de l’enfant, maternité, mariage, vieillesse et j’en passe.


source: Chapitre.com http://bit.ly/TpcURi (13 octobre 2012)


J’ai découvert ce roman, inspiré de son histoire et enfin publié après dix ans d’écriture et la recherche d’un éditeur, (si vous ne l’avez pas lu, bande de chanceux, précipitez-vous en librairie) parce que d’autres femmes m’en ont parlé. Il a été publié à titre posthume. Goliarda est morte en 1996, dans la jeune vieillesse, à l’âge de 72 ans, d’un accident bête, en tombant d’un escalier.

Ce roman est tous les romans à la fois : politique, historique, populaire (fresque familiale), érotique, psychologique, philosophique, poétique.

Ceux qui l’ont lu évoque le frisson, la passion, la possession de soi par un récit exceptionnel. Il vous faut le lire, pour cette formidable aventure intellectuelle et sensuelle. C’est certainement dans ce roman que j’ai eu la plus belle expérience de lecture du sentiment amoureux. Touchée. Sapienza est aussi habile, sur ce plan, que le grand D.H. Lawrence.

Goliarda Sapienza est la benjamine d’une famille communiste recomposée dont le père est un avocat qui défend les pauvres et la mère, bourreau de travail, une intellectuelle reconnue et engagée qui a eu trois fils d’un précédent mariage. Goliarda grandit parmi eux, qui sont adultes, dans les années trente.

« Ses frères lisent des poèmes à table, font de la musique, et sa mère la reçoit dans son bureau où elle lui parle de l’asservissement de la femme et de l’amour libre.» (http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-22140-Goliarda-Sapienza-ecrivaine-affranchie-des-le-berceau.htm)
Dans un nouveau roman qui vient de paraître en français, Moi, Jean Gabin, dans lequel elle relate avec un certain humour son enfance (« si nous n’avons pas d’argent, c’est parce que nous n’exploitons personne » p.40), nous voilà plongés dans les années d’avant-guerre siciliennes, chez les communistes à la dent dure, en lutte contre le fascisme. La petite Goliarda vit avec une sensibilité propre et très profonde; elle peut pleurer de joie en mangeant de la polenta avec son oncle parce que quelques minutes avant elle s’en faisait de se trouver au milieu d’intellos qui se nourrissent d’études et ne font que lire, en mangeant des fruits, sans gourmandise. Elle n’en fait pas un drame, elle se sent en sécurité, elle est aimée, mais souffre de l’incapacité à exprimer ses sentiments et le grand amour qu’elle ressent pour les membres de sa famille, pour sa mère en particulier.

Source: FNAC



Sa pensée, absolument originale, s’y révèle encore une fois. « Moi, qui ai appris de Jean Gabin à aimer les femmes...» p.7. Elle est amoureuse de Jean Gabin qu’elle découvre, gamine, au cinéma de son village et qui la fait rêver et l’aide à se détacher de sa nature anxieuse.


Tout comme chez Eleanor Roosevelt,  « l’action calme l’angoisse et la peur » (p.47),
et ce sont les valeurs humaines et féminines qui l’habitent.  De même, la relation épanouie avec soi et avec les autres est essentielle. Elle est loin de la rationalité. C’est une artiste, intense, explorant pendant  toute sa vie ses forces et ses faiblesses qui sont celles de toutes les femmes, par le biais de la littérature et de l’art dramatique. Pour mieux se connaître, il faut lire ses livres.
 




1 commentaire:

  1. Alors je suis une des chanceuses qui ira prochainement à la librairie. Premièrement, puisque je n’ai plus rien à lire. Deuxièmement parce que j’aime les romans historiques et basés sur une certaine réalité.

    Mais plus encore, parce que je pourrais découvrir une féministe, une femme qui parle de la condition féminine, que je ne connaissais pas. Je te donne des nouvelles bientôt sur mes réactions... après ma lecture de L’art de la joie de Goliarda Sapienza.

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